L’introduction du créole au Parlement en marche

L’introduction du créole au Parlement progresse avec une rencontre entre le Pr Arnaud Carpooran et la Speaker. Ce projet vise à rendre les débats parlementaires plus inclusifs grâce à des innovations technologiques et linguistiques, malgré les défis à surmonter pour sa concrétisation.

Le Pr Arnaud Carpooran, doyen de la faculté des sciences sociales et humaines de l’UoM et président de la Creole Speaking Union et chercheur principal du projet « Promoting Institutional Democracy through Language Access in Kreol Repiblik Moris and Digital Innovation » et son équipe ont participé à une rencontre de travail avec la Speaker de l’Assemblée..  Cette réunion s’est tenue vendredi dernier à l’invitation de la Speaker de l’Assemblée nationale, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, qui a exprimé son souhait d’introduire l’usage du créole au Parlement. Depuis quelques années, la question de la place du créole dans les institutions revient régulièrement dans les débats, mais sa concrétisation tarde encore.  Selon le Pr Carpooran, ce projet,  qui bénéficie d’un soutien financier du HEC (Higher Education Commission), revêt une importance capitale pour la démocratie.  « Nous ne pouvons pas parler d’une démocratie véritablement accessible si une partie de la population ne comprend pas pleinement ce qui se passe au Parlement. Introduire le créole, c’est permettre à tous les Mauriciens de mieux saisir les débats et d’y participer indirectement », fait-il ressortir.  Il poursuit qu’au cours de la session de travail de vendredi dernier, plusieurs sujets ont été abordés, notamment les aspects techniques liés à la transcription et à l’informatisation des débats parlementaires en créole. Une réunion a ainsi eu lieu avec les techniciens de l’Assemblée nationale, notamment ceux en charge des transmissions et des archives. L’un des points cruciaux discutés concernait l’adaptation technologique nécessaire pour permettre l’usage du créole. « Nous travaillons sur un logiciel de reconnaissance vocale, basé sur des modèles existants en anglais et en français. L’objectif est d’intégrer une version en créole, ce qui représente un défi, mais qui, une fois abouti, marquera une avancée majeure pour l’accessibilité institutionnelle », explique notre interlocuteur. Le Pr Arnaud Carpooran indique que sur le plan linguistique, un travail minutieux est en cours pour établir une terminologie parlementaire en créole et identifier les termes et expressions qui seraient potentiellement considérées comme recevables ou non. Selon le professeur, « il est essentiel de combattre le préjugé selon lequel le créole est une langue vulgaire ou inadaptée aux débats institutionnels ». Cette dimension linguistique s’accompagne d’un volet éducatif, car de nombreux parlementaires et fonctionnaires ne maîtrisent pas encore l’orthographe et les règles de lecture et d’écriture de la langue créole. Le projet prévoit ainsi des sessions de formation pour accompagner cette transition. 

L’implication des députés dans ce projet est un enjeu clé. À ce titre, il invite tous les parlementaires qui croient dans le projet de s’inscrire aux cours « Lir ek Ekrir Kreol Morisien » qui seront bientôt lancés à l’Université de Maurice. 

 



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