Au Kazakhstan, la diplomatie du pape François au défi de la Russie et de la Chine

Le palais de l’Indépendance, avant le VIIe congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles, en présence du pape François, à Noursoultan (Kazakhstan), le 12 septembre 2022.

A Noursoultan, la capitale du Kazakhstan, où il se rend du 13 au 15 septembre, le pape François espérait initialement rencontrer Kirill, le patriarche de Moscou, pour, à travers lui, obtenir une invitation de Vladimir Poutine à venir en Russie. Mais Kirill ne viendra pas et c’est finalement Xi Jinping qui se trouvera en même temps que le pontife dans l’ancienne Astana, mercredi 14 septembre.

Aucune rencontre entre le président chinois et le chef de l’Eglise catholique n’est inscrite à l’agenda officiel. Mais l’absence de Kirill et la présence de Xi font se croiser les deux questions diplomatiques qui valent à François les critiques les plus véhémentes à l’intérieur comme à l’extérieur de son Eglise, à savoir ses déclarations controversées sur la guerre en Ukraine et l’accord conclu, en 2018, par le Saint-Siège avec Pékin sur la nomination des évêques chinois. Face aux dirigeants russe et chinois, François ferait preuve, selon ses détracteurs, d’une naïveté complaisante.

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François se rend dans cet immense pays d’Asie centrale, ancien territoire soviétique émancipé en 1991, à l’occasion du VIIe congrès des dirigeants des religions mondiales et traditionnelles, auquel il participera comme à un « pèlerinage de paix », a-t-il précisé dimanche après l’Angélus. Le premier congrès a eu lieu en 2003 à l’initiative de l’ancien président kazakh (qui a démissionné en 2019), Noursoultan Nazarbaïev, soucieux de stabilité religieuse dans la région après les attentats du 11-Septembre. Mais c’est la première fois qu’un pape s’y rend. Lors des précédents congrès, la délégation du Vatican était conduite par un cardinal.

Une déconvenue

Cette édition a pour thème le rôle des dirigeants religieux dans la période postpandémique. Parmi une centaine de délégations musulmanes, chrétiennes, juives, bouddhistes, hindouistes ou shintoïstes, François retrouvera Ahmed Al-Tayeb, le grand imam de la mosquée d’Al-Azhar, au Caire, dont il a fait son interlocuteur privilégié dans l’islam sunnite. En revanche, celui qui avait motivé sa venue, Kirill, sera absent : le patriarcat de Moscou a fait savoir, sans avancer de raisons, le 24 août, qu’il ne se rendrait finalement pas à Noursoultan.

Pour le pape, c’est une déconvenue. Depuis l’invasion de l’Ukraine, le 24 février, François s’est efforcé par tous les moyens de s’entretenir avec Vladimir Poutine pour offrir ses bons offices et parvenir à arrêter la guerre. Il espère atteindre le président russe par l’intermédiaire du patriarche. Les deux dignitaires religieux s’étaient rencontrés à Cuba en 2016, une première historique. Mais c’est la seconde fois qu’échoue le projet d’un nouveau tête-à-tête. Un rendez-vous à Jérusalem, en juin, n’a finalement pas eu lieu. Le patriarche, qui soutient avec zèle la guerre déclenchée par Moscou, avait peu apprécié de se voir qualifier par François de « clerc d’Etat » et « d’enfant de chœur de Poutine ».

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